Une femme jette dans la Seine le cadavre d’une jeune fille dont le visage est affreusement mutilé. Le docteur Genessier reconnaît formellement le corps retrouvé comme étant celui de sa fille Christiane, mystérieusement disparue. En vérité, Christiane n’est pas morte. Totalement défigurée dans un accident de voiture, elle vit cachée derrière un masque. Le docteur Génessier tente d’opérer sur le visage de sa fille une greffe en prélevant la peau du visage de jeunes femmes qui sont enlevées par son assistante, Louise.
Les Yeux sans visage compte parmi les rares incursions géniales, du moins marquantes, du cinéma français dans le registre du fantastique, et plus précisément de l’épouvante. Le film est contemporain des séries B européennes qui ont illustré des sujets proches (les contes gothiques de Freda, Bava et Ferroni en Italie, les productions de la Hammer en Grande-Bretagne, L’Horrible docteur Orlof de Jess Franco en Espagne). Mais le chef-d’œuvre de Franju se distingue de ces titres d’excellente qualité. Le cinéaste ne cachait pas son aversion pour le cinéma fantastique traditionnel ou ses nouvelles déclinaisons référentielles. Artiste solitaire, pessimiste et obsessionnel, Franju se réclame d’un courant onirique dont il serait le seul représentant, héritier du réalisme poétique d’avant-guerre mais aussi du surréalisme.
Olivier Père (Arte)
Générique